Whisky Québécois à l’honneur
À l’occasion de la fête nationale du Québec, je me suis dit que ce serait le moment idéal de vous parler des whiskys d’ici. Depuis plusieurs années, on remarque la montée de l’engouement pour les produits locaux mais je dois avouer que la popularité des whiskys québécois m’a complètement pris par surprise. La vague m’a tout simplement échappé, j’ai même le regret d’être passé complètement à côté de superbes bouteilles pour le Bootlegger.
Au courant de la dernière année, j’ai vu ce sujet s’enflammer sur les forums et autant d’interaction à propos des nouveaux arrivages et dates de sortie de bouteilles. Il y a plusieurs belles bouteilles qui sont arrivées sur les tablettes et pour en nommer seulement quelques-unes: Rosemont, St-Laurent, Cirka, Sivo et Domaine Lafrance. Cependant, je pouvais seulement en choisir une pour faire cet article et mon choix s’est arrêté sur nul autre que le vainqueur du lauréat de la gastronomie du Québec 2021 dans la catégorie « brasseur, vigneron ou producteur de boisson de l’année » J’ai eu le privilège de rejoindre leur nouvel ambassadeur de marque, Gizmo Sirois, à la distillerie Cirka dans le quartier Sud-Ouest de Montréal pour y vivre une immersion dans l’univers de Cirka.
Bien connu comme étant LE spécialiste des spiritueux Québécois, Gizmo a longtemps été l’ambassadeur du fameux gin jaune Ungava ainsi que le Rhum Chic Choc et il a récemment rejoint l’équipe de la distillerie Cirka. Pour ceux qui ne le connaisse pas encore, il a un parcours des plus impressionnant avec plus de 32 ans dans les bars comme barman, consultant, ambassadeur et représentant.
Gizmo est quelqu’un que je tiens en très haute estime, il est littéralement une bibliothèque de savoir. Il détient un talent unique pour transmettre sa passion avec une énergie contagieuse. Tu peux parler de Whisky avec lui pendant des heures et encore, il peut toujours t’en apprendre plus.
Mis à part ça, c’est quelqu’un d’authentique, je le décrirai comme un « artiste » pas juste parce que c’est un musicien hors pair mais pour son coté créatif. C’est d’ailleurs à lui qu’on doit les fameuses soirées Quizz dans les bars. Il a été derrière le comptoir de plusieurs bars mythiques dont le Verre Bouteille, Chez Baptiste et il est également co-propriétaire du bar Colonel Moutarde situé sur St-Denis prêt de l’intersection Mont-royal.
Cirka a une réputation qui les précède mais qui m’était totalement inconnu, principalement parce qu’ils ont bâti leur notoriété avec leur vodka et leur gin. Au passage, on ne peut passer sous silence leur nombreuses médailles pour leur gin et vodka. Leur Gin Navy Strenght a d’ailleurs remporté la toute première médaille d’or à la compétition Gin Master décernée à une distillerie à l’extérieur de la Grande-Bretagne.
Cependant, c’est intéressant de savoir que depuis la fondation de la distillerie l’objectif était de produire du whisky avec pour grande ambition de « redonner les lettres de noblesse au Whisky Canadien » – Gizmo Sirois.
À la distillerie, j’ai rencontré une équipe chaleureuse et fier de leur produit et leur art. Lorsque j’ai demandé à Gizmo de décrire Cirka, il m’a répondu que c’était une entreprise transparente, intègre, qui refusait de couper les coins ronds et portait une attention particulière au moindre détail. C’est exactement ce qu’on ressent, on n’a pas l’impression qu’il s’attaque à un marché, ou qu’ils ont une tactique commerciale à pu finir, ils veulent faire du bon whisky et ils sont à la quête de la perfection. C’est séduisant comment philosophie, c’est prometteur et surtout, jusqu’à date : il livre la marchandise.
Selon Gizmo, la clé de la stratégie Cirka repose sur leur ténacité et leur patience. Ils ont su prendre leur mal en patience et ne rien sortir avant que le produit soit totalement prêt. Il nous a également expliqué que la première édition était une stratégie pour « piquer » la curiosité des amateurs et leur laisser entrevoir ce qui s’en venait.
À ce jour, les amateurs de whiskys québécois ont eu la chance de voir trois éditions en provenance de la distillerie. Malheureusement pour vous, la première édition s’est déjà envolée et ne reviendra plus. Gardez en mémoire que Cirka produit de très petit lot de bouteilles et que les possibilités de production sont encore limitées. Cependant, vous avez encore l’opportunité de vous procurer l’édition no.2 et no.3.
À mon plus grand plaisir, leur whisky ne contient aucun colorant, le grain utilisé est québécois et produit à seulement quelques minutes de Montréal. La distillerie a adopté les valeurs de son fondateur, M Paul Cirka, qui se joint sous le slogan de « Grain to Bottle». Il utilise uniquement des matières premières sourcées localement, garde un contrôle à tous les niveaux de la production et approvisionnement. Ils ont d’ailleurs une relation très étroite avec leurs fournisseurs, c’est de cette façon qu’ils peuvent se porter garant de la qualité de leur produit avec autant de confiance et certitude.
Édition No.2
Cette édition est ce qu’on appelle un Corn Whisky, donc il est fait à partir uniquement de maïs. Donc il a tout pour plaire à un amateur de Bourbon comme moi, son affinement en ancien baril de sauternes lui donne une finale incroyable à mon gout. Le liquide est embouteillé à 48% et pourtant il est tellement facile à boire.
Édition No.3
Un vrai coup de cœur ici! Un whisky de rye affiné au baril de xérès Oloroso. Les gens qui étaientt avec moi ont tous détecté des odeurs de chocolat qui m’était totalement absente. En bouche, le rye est riche et rappelle des notes de café produite par la torréfaction du grain. Progressivement, le goût évolue pour laisser place à des saveurs de petits fruits rouges relié très probablement par son affinage en fût de Sherry. En fait, l’édition no.1 et no.3 sont essentiellement le même jus mais l’un plus âgé que l’autre.
L’expérience en bouche a absolument tout pour séduire. Personnellement, j’adore les whiskys dont les saveurs progressent et évoluent en bouche. Celui-ci avait des saveurs franches, bien distinctives et qui sautent subitement d’une phase à une autre.
Je vous recommande fortement cette dernière bouteille pour célébrer la St-Jean Baptiste. C’est définitivement un whisky qui me rend heureux de faire découvrir et d’appeler « Québécois». Dans les deux cas, j’ai été agréablement surpris et j’ai particulièrement apprécié la douceur versus leur taux d’alcool élevé. C’est des whiskys riche et généreux en saveurs, une belle évolution en bouche et une superbe texture.
C’est impressionnant de voir l’organisation et les installations, il y a encore beaucoup de choses qui sont faites à la main dont le remplissage des bouteilles, l’étiquetage et même que le pelletage est fait à la main. C’est plus de 12 tonnes de grains qui est pelletée à la main chaque mois donc il n’est pas faux de croire que leur désir est de rester une production artisanale et de se concentrer sur le marché local.
Le distillerie Cirka nous réserve encore de belles surprises, grâce à l’usage de la technique de vieillissement en Solera, ils nous promettent des whiskys plus âgés avec les mêmes standards de qualité que leurs premières éditions. En attendant de pouvoir expandre leur opération mais surtout d’avoir plus d’entreposage, l’équipe de Cirka apprend de leurs bons et mauvais coups afin de peaufiner leur méthode. Ils vont continuer à favoriser le seigle dans leur whisky et pourrait éventuellement se diriger vers l’orge. Donc cette fois-ci, ne manquez pas la vague et votre chance de commander une bouteille.