Distiller au coeur de Rosemont
Il y a quelques mois déjà que j’ai visité cette superbe distillerie située au cœur de Montréal, mais malheureusement avec les rebondissements au Bootlegger et Café Mimosa je n’ai pas trouvé le temps d’écrire sur cette expérience. J’ai eu la chance de visiter deux fois cette distillerie, la première fois, j’y suis allé dans le but de rencontrer Marc-Antoine Raymond qui était à ce moment un ambassadeur de la distillerie. Un bon ami à moi que je connais depuis qu’il se trouvait derrière le bar mythique du »Lab ». Avec les bars fermés dus à la pandémie, Marki a commencé à embouteiller les spiritueux de Rosemont à la main aux alentours d’octobre 2020 pour ensuite évoluer au poste d’ambassadeur.
Après nous avoir accueillis, nous avons eu le privilège d’avoir une visite de la distillerie par Lilian Wolfelsberger, le maitre distillateur. Lilian est un vrai spécialiste et passionné de la distillation, il a un grand héritage familial alors qu’il est la 5e génération de distillateur. Lilian avait déjà ouvert une première distillerie à West Brome avant d’ouvrir Rosemont qui est maintenant établie depuis 5 ans au plein cœur de Montréal. Il se décrit comme un passionné de la distillation et pour toutes les matières qui peuvent être fermentées. La sélection impressionnante de plus d’une douzaine de produits qu’il offre démontre très bien son savoir-faire à transformer n’importe quoi en alcool. On parle ici de rhum, gin, “téquila”, pastis, whisky, vodka et bien d’autres.
Après avoir visité plusieurs autres distilleries, je dois avouer que celle-ci est particulièrement vaste. Ils ont une capacité de production et de stockage impressionnante. En voyant leur roulement, il est encore plus impressionnant de savoir qu’ils sont uniquement 4 à 5 Personnes sur la ligne de production. D’ailleurs, ils ont en ce moment un peu plus de 500 fûts dans leur chai de spiritueux qui attendent d’être embouteillés. L’espace dont ils disposent leur permet aussi de jouer avec les températures auxquelles les barils seront exposés. Entre autres, ils ont une section à l’entrée de la distillerie où ils ont empilé des barils, coincés entre deux murs, afin qu’ils subissent un choc thermique. Ils font affaire avec un tonnelier québécois pour plusieurs de leurs barils qui leur conçoit un baril personnalisé avec 56 toasts différents à l’intérieur. Contrairement au char, le toasting ne carbonise pas entièrement le bois. C’est un procédé un peu plus lent et moins intense qui va éviter le bois de caraméliser ainsi que d’avoir cet aspect brulé. Autrement, ils utilisent des fûts américains neufs ainsi que du chêne français. Si vous voyez des bouteilles de la distillerie Rosemont, c’est un gage de qualité, ils portent une grande attention aux produits et matières utilisées. Lors de notre visite, c’était impressionnant de voir les livraisons massives de fruits frais, des tonnes d’herbes étalées sur des tables et aussi d’apprendre qu’ils n’utilisaient que de l’alcool neutre pour les gins, la vodka et les liqueurs. En effet, tous les rhums, eaux-de-vie et whisky sont distillé, fermenté, vieilli et embouteillé sur place. On a d’ailleurs été témoins de leur arrivée d’ananas frais pour leur sublime rhum Ananas qui sont arrivés en SAQ quelques mois plus tard. Le processus de fermentation prend entre 7 et 11 jours avant de passer à la distillation.
Si jusque-là j’étais émerveillé, ce n’était rien après avant d’entrer dans la salle de distillation. Ils utilisent un magnifique alambic charentais qui est franchement une sacrée machine à voir. Cet Alambic est typiquement utilisé pour distiller du cognac, il permet de faire une double distillation et de conserver les saveurs des ingrédients de base. Lilian a d’ailleurs mis la main sur cette pièce rare de marque Chalvignac et à le faire importer de la région de cognac et est le premier alambic de ce genre à être importé au Canada. Les spiritueux de Rosemont sont distillés deux fois et à feu nu dans cette impressionnante pièce qui a une structure qui fait 2.5 pouces d’épaisseur en cuivre. Après avoir été refroidi à l’eau, le liquide va se reposer en baril jusqu’à 1 an, tel que leurs rhums. Dans la même salle, il y a un plus petit alambic qui est toujours en opération qui est dans la famille depuis environ 1936. Un héritage de famille qui entoure énormément d’histoire et de vécu. Pour le bonheur des amateurs des produits Rosemont, tous leurs produits sont maintenant réguliers à la SAQ.